L’amoureux heureux était chercheur amateur
De trésors de soi à offrir, pour prouver son ardeur
D’antan l’autre était là, admirant les galeries
Riant, joyeux, de toutes ces flatteries

Il ne persiste, dans ce sous-sol fragilisé
Que des statues de bonnes intentions et de gloires oubliées
Cette collection hante les intimes recoins, inhabités
Et remplit de beauté ce territoire abandonné

Les caves qui le creusent
Promesses creuses
Fragilité déterrée
Lugubre sombre entassée

L’amour triste contemple ces constructions et imagine encore
Au plus profond de son corps
Une foule bariolée se presser pour admirer
Tous ces éclats de son âme qu’il avait exhumés

Mais les couloirs sont vides et résonnent d’échos,
Le gaz rare a remplacé les rivières vives et les jeux d’eau
Et les pas de l’autre ne s’y entendent pas
Autrefois, narquois, il parcourait des doigts,
Cette débauche d’offrandes, ces cadeaux de roi
Aujourd’hui règne en ombre l’indifférence, sur ce désert délicat

A la surface se bousculent
Les derniers monticules
Formés des merveilles
Récoltées de la veille
Mais déjà couvertes d’une poussière verte
Elles n’attirent pas l’œil et restent sises, inertes

L’heureux triste sent dans sa flamme
Brûler soudain une sorte de lame
Sa pitié attisée de ses propres fouilles
Et de bizarres larmes qui le mouillent
Il prend sa pelle, enterre sa peine
Empoisonne son puits et sert l’eau de là-même
Quel plus doux poison que celui de l’amour-haine