Sortir la tête un temps, du bruyant ouragan
De ce grand tourbillon, du cyclone étouffant
Inhaler un cri de vent, une bouffée de claire pensée
Libre de mon orage, et de ton sel iodé

Quitter un moment le tumulte
Pour contempler ce spectacle sans but
Le déferlement de cette rage
De cette passion en nage
Sortir mes idées un instant
Du tourment de mes songes
Du tournant qui me ronge
Dans l’éternelle rumination

Goûter à cette liberté douce et sucrée
Le divin détachement, la goutte salée,
Le vaste horizon dévoilé

Mais regarder désenchantée, au-dessus de la mer
Le rassemblement des mouettes amères
Observer dans leur danse,
Les cris aigres qui annoncent
Sans envergure sans souffrance,
Le retour de ma transe

Mon long supplice, mon unique délice
Une hélice qui tourne et qui crisse
Qui lentement entame
Sa rotation infâme
Le cycle lent, décadent
Le bercement envoûtant,
Des langoureuses vagues

Le courant m’entraîne, suave chaîne
Bouclée à mes chevilles d’esclave reine
Rêvant toujours à mes lendemains roses
Les yeux mi-clos, j’entends ta prose
Flottant pourtant , sous les jacassements grêles,
L’eau qui me porte, et qui me gèle
Complice à toute heure de ma propre détresse
Me croyant Maîtresse
Sentant pourtant autour de moi l’eau qui brasse, qui berce

Perdre ses repères à force de chimères
Perdre des yeux la terre
Sentir soudain augmenter la vitesse
Les bas-fonds remuer leur pestilente liesse
Puis replonger en damnée
Dans la tornade glauque
Des espoirs inassouvis, des désirs insoumis
Et lâcher un cri rauque
Tourner Tourner
Dans le maelström insomniaque et tourbillonnant
De mon obsession maniaque, de mon labyrinthe dévorant