Elle est drapée autour de moi
Et de mon être, fait le contour
Pleine de détours, partout elle court
Et sur ma chair se referme, douce soie
Elle s’exprime en impressions
Et me chuchote en confession
La chère douceur de l’air
La belle chaleur d’une pierre
L’herbe mouillée et la brise fraîche
Et tout ce qui est rêche
Lit de mes larmes le long des joues
Plis de mes rires ou de mes moues
Elle me dessine, toute une image
Me fait plus belle, ou plus sauvage
Elle sait faire pousser mes cheveux
Courber mes cils pour protéger mes yeux
Traîtresse parfois elle forme le sébum
Et fait couler la sueur sur mon épithélium
Elle peut aussi brûler, peler, s’excorier, charmante
Et immonde pustulation fistulisante
Transition rose jusqu’à mes orifices
Là où se cache le dentifrice
Mais aussi certains secrets autres délices
Qu’elle me fait soupçonner lorsqu’elle se hérisse
Reine de mes sens
Temple de mes danses
Ruche où bourdonnent les connexions
Et les murmures de mes sensations
Quand elle me gratte et me démange
On pourrait croire qu’elle me dérange
Elle cède même sous les blessures
Mais se guérit, fragile armure
Et quand avec moi elle grandit
Je sais bien aussi qu’elle vieillit
Etrange enveloppe qui m’emmène
Au théâtre de mes émotions
Au spectacle de mes immersions
Sous sa surface tout se déchaîne
Electrique, épidermique
Pic en déclic, charnelle réplique
Clé de contact, du grand frisson
Elle fait impact, ou trait d’union
D’un geste sûr, elle peut toucher
Tous les sursauts, des cœurs brisés
Elle m’a appris toute la tendresse
D’une autre peau, d’une autre ivresse
En tête à tête ou dos à dos
Ce mot à mot du peau à peau
Écrit dans le cadre de l’appel à textes du spectacle Ode aux corps, un concept de Jeanne Six (2023)